"Notre époque ne fait plus de musique.
Elle camoufle par du bruit la solitude des hommes en leur donnant à entendre ce qu'elle croit être de la musique."

Jacques Attali - Le Bonheur, la vie, la mort, Dieu...

lundi 28 mars 2011

Play Bach!

Bach, le grand maître allemand du baroque! Tant et si bien que cette période baroque qui voit le jour au début du XVIIe avec la naissance de l'opéra prend fin (de manière tout aussi arbitraire) avec la mort de Jean-Sébastien Bach en 1750. C'est un des compositeurs les plus rigoureux mais aussi les plus novateurs de l'histoire de la musique. Si l'on ne doit connaître quelque chose de Bach, ce sont bien entendu ses fugues: phénomènes d'arborescences absolument prodigieux! D'un tout petit motif musical des plus simples découlent certaines des oeuvres les plus complexes qui soient d'un point de vue mélodique et harmonique.
Je ne m'étendrai pas plus sur ces considérations très généralistes et bien réductrices sur le génie de cet homme, mais voudrait vous inviter à l'écouter différemment, au travers du filtre Jacques Loussier. Je vous laisse écouter par vous-même en espérant que ces extraits susciteront un peu de curiosité pour ceux qui ne le connaissent pas.

Voici un must de Bach, la toccata et fugue en ré mineur BWV 565:

Et son interprétation par Jacques Loussier: notez que la partition n'a pas été retouchée, uniquement agrémentée:

Maintenant, libre à vous de découvrir l'ensemble du travail de Loussier, mais n'hésitez pas à aller écouter les passions de Saint Jean et de Saint Matthieu, mais aussi Glenn Gould interpréter les Préludes et Fugues ou encore les concertos italiens...

lundi 21 mars 2011

Pourquoi ce blog?

Art majeur, art mineur... Oui, je dois bien reconnaître que c'est là une certaine manière de présenter les choses. Cette vidéo m'a d'abord fait rire, bêtement, avant de saisir les fondamentaux du discours de Gainsbourg. Chers lecteurs, n'imaginez pas que je vais fustiger ici tout ce qui n'est pas musique classique, loin de moi cette intention. Néanmoins, je ne condamnerai pas non plus le propos qu'il tient dans cette vidéo. D'abord parce qu'il est indéniable qu'il est sincère dans ce qu'il dit et si la manière dont il développe est provocatrice, elle ne fait que dénigrer le fond d'un sujet très intéressant et très noble. Ce qui nous amène à la deuxième raison pour laquelle je ne le condamne pas: Gainsbourg y parle d'initiation.

Il faut d'abord saisir ce que ce mot recouvre. Premièrement, c'est une manière de démystifier ce domaine et ses adeptes: rien à voir avec l'instinct ou le don divin. En gros, il faut arrêter de voir les amateurs de musique classique comme des personnes dont l'esprit flâne dans les sphères les plus hautes, ce qui leur octroie le droit de pouvoir jouir de cette musique. Car l'initiation est le fruit de deux démarches volontaires: celle d'un amateur (au sens noble du terme: celui qui aime) altruiste et celle d'un novice curieux.

Alors, attention, il y a de mauvais adeptes:
- Le suffisant: détrompez-vous, c'est certainement à cause d'eux que certains ne veulent rien entendre à cette musique! Le qualificatif répond à ce bel adage: "La culture, c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale": notre suffisant placera quelques phrases judicieusement concoctées qu'il ne peut en aucun cas soutenir. Soit des trucs pour le moins banals et idiots: "Bach, il pense, Mozart, il fait" Soit des trucs absolument impressionnants et aléatoires qui coupent court à tout débat: "Le Wozzeck... Quel sommet du Sturm und Drang... Il n'y a pas à dire, Schoenberg sait écrire pour les alti!" Dans un cas comme dans l'autre, il ne vaut mieux pas qu'il se trouve confronté au museek.
- Le museek: c'est le geek de la musique. Il connaît absolument tout sur tout. Aux allocutions stériles de notre suffisant, il dira "Bach a fait, beaucoup, Mozart aussi, et le frère d'Haydn, t'en penses quoi?", pas plus, ça suffit souvent à liquéfier le suffisant qui prétextera un coup de fil pour pouvoir s'éclipser discrètement et sauver son honneur. De même, il lui dira "Wozzeck, expressionisme, Alban Berg, opéra" au risque de faire faire un malaise à notre suffisant... Bref, pas très engageant tout ça...

Mais ou est l'amateur altruiste?! Je tiens à préciser tout de même que certains museeks se révèlent d'excellents altruistes de même que certains suffisants sont de vrais amateurs, mais l'un impressionne trop tandis que l'autre dit trop d'inepties pour pouvoir initier à proprement parler. L'amateur altruiste? J'en connais tellement! C'est sûr, ce ne sont pas les plus visibles, mais ce sont de loin les plus agréables. On trouve un amateur altruiste en n'importe quel musicien ou mélomane qui n'aspire qu'à une chose: partager. A cet effet, il se doit de connaître un minimum le sujet dont il parle, de même qu'en savoir trop pourrait nuire à son intention première. Bref, c'est celui qui saura vous parler d'une oeuvre absolument inconnue et hermétique de telle sorte qu'au sortir de cette conversation, fort d'un enthousiasme débordant proche du divin, vous n'aurez plus que cette oeuvre à l'esprit. Mieux! A peine arrivé chez vous, le premier réflexe que vous aurez face à votre ordinateur sera d'aller chercher des informations sur cette même oeuvre. Encore mieux! Vous en parlerez à vos proches... Vous saisissez la logique.

Vous l'aurez sans doute compris, dans ce blog, j'essaierai d'être cet amateur altruiste vertueux dont la seule vraie nourriture est celle de l'esprit! Je le serai sur ce que je connais, car bien heureusement, il m'arrive très fréquemment d'être le novice curieux dont je parlais tout à l'heure. A cet effet, je ne manquerai pas de vous faire découvrir quelques-unes des nombreuses initiatives qui sont menées pour offrir la musique classique au plus grand nombre, de même que j'essaierai de pouvoir vous donner des clés d'écoute pour certaines des oeuvres qui me font vibrer.

Bon, et Gainsbourg dans tout ça me direz-vous. Et bien ce n'était qu'une manière de montrer qu'un des plus grands auteurs de chanson française a parfois l'humilité (même exprimée de manière un peu violente) et le courage de livrer sa vérité à ses adeptes. La musique classique a ceci de majeur aujourd'hui, qu'elle ne s'offre pas a priori, et qu'elle nécessite un acte volontaire de la part de celui qui l'écoute. C'est cette sensation que j'aime ressentir lorsque j'entends parler d'une oeuvre que je ne connais pas, quel qu'en soit le genre. Mais plus que de la ressentir, il n'y a pas plus grand plaisir que de réussir à l'initier.